Ce matin suis parti en taxi pour visiter la pagode Giac Lâm. Elle est assez loin, en dehors du plan d'Ho Chi Minh Ville qui est donné aux touristes à l'arrivée. Comme adresse j'avais 118, Lac Long Quan. On a roulé un moment sur Lac Long Quan, le chauffeur avait l'air perplexe. Demi-tour au bout d'un moment, et on revient en arrière. Air embêté du chauffeur qui ne voudrait pas que son client s'imagine qu'il voulait l'arnaquer (j'ai dû en avoir pour 4 euros, en gros). Bon en fait en regardant les plaques des maisons près, il y a eu une renumérotation, et la pagode est à rechercher du côté des 750, pas trop loin du croisement avec Le Dai Hanh (désolé, pas trouvé le numéro exact).

On était passé devant et j'avais repéré le portail jaune et rouge, mais j'avais plutot interprété comme un parc style Mickey pour les gamins. Quel idiot, j'avais même pas vu la tour :-)

Ai passé un long (et très bon) moment dans cette pagode.

Dans le jardin, rencontre avec monsieur (Banh ?) qui était autre fois interprète pour les américains. Apparemment, son occupation actuelle est de vendre des poissons rouges que les gens achètent pour les relâcher au moment de la nouvelle année. Tous les êtres vivants ont le droit d'être heureux... A la fin du sermon du Bouddha sur la non-violence (Aggi-Sutta). le brahmane qui s'apprêtait à faire un sacrifice conclut

Je laisse, ô vénérable Gotama, en liberté ces cinq cents taureaux, je leur donne la vie. Je laisse en liberté ces cinq cents jeunes bœufs, je leur donne la vile. Je laisse en liberté ces cinq cents génisses. Je leur donne la vie. Je laisse en liberté ces cinq cents béliers, je leur donne la vie. Que ces animaux mangent de l'herbe comme ils veulent. Qu'ils boivent l'eau fraîche comme ils veulent. Que la douceur du vent souffle sur leur corps.

C'était notre minute culturelle.

Après ça, promenade dans le quartier, petit casse-croûte (non, je n'ai pas mangé d'herbe, et je me suis abstenu de boire leur eau du robinet en carafe plastique), un peu de marche, ce qui donne l'occasion d'être accosté gentiment à chaque coin de rue par des moto-taxis qui tiennent à me trimballer sur leur engin, et de discuter un moment avec eux. Les jeunes qui bavardent assis dans la rue m'interpellent aussi avec de grands sourires, juste histoire de dire deux mots. Les filles pouffent. Trop sympas. La moto-taxi, pour l'instant je le sens pas :-) et marcher, ça laisse le temps de regarder, s'égarer dans les ruelles, sentir la douceur du vent dans mon pelage etc. Ça viendra peut-être, l'avantage de la moto c'est qu'on en a tous les 20 mètres, le taxi c'est plus long à trouver. Par contre il y a les embrouilles sur les tarifs, et surtout la sécurité douteuse.

Pour l'instant je me familiarise avec la redoutable traversée des rues. Un exercice intéressant finalement. Ne s'occuper que de traverser, laisser tomber l'appréhension de se voir charger par un troupeau de véhicules, de la confiance et de l'attention, pas de gaspillage d'adrénaline. Arrivé de l'autre côté, au lieu de se féliciter de cet exploit qui a permis de rester en vie, continuer de faire attention, les trottoirs (pavés autobloquants) sont pleins de trous, et les 2 roues y passent aussi, et dans les deux sens.

Bon, c'est bien de se concentrer sur la circulation, mais les effets de la marche à pied en pleine chaleur après manger se font sentir. Ici tout le monde roupille dans les boutiques, je repense au dicton italien.

Pendant la sieste, seuls les chiens et les français se promènent

Ok, c'est pas raisonnable. La douceur du vent dans le pelage, c'est pas le bon jour, avec 30°. Chance : un taxi vient de déposer un client. On m'a recommandé de ne prendre que les grandes compagnies, c'en est une (Vinasun), ça tombe bien.

Je m'assieds et je ferme la porte, le chauffeur tripote son compteur et me fait signe d'ouvrir la porte. Comprend pas trop, mais je le fais. Continue à appuyer frénétiquement sur le bouton de remise à zero et me montre la porte. Bon, je la referme. Toujours pas de remise à zero. Patient, il me remontre la porte. Je rouvre. Il me fait des signes. Compteur toujours pas à zéro. Ah, ok. Finis par deviner qu'il ne peut pas remettre à zero tant qu'il y a quelqu'un dans la bagnole. Je sors, je ferme. Il clique. Je rouvre, je rentre et je referme. Et voila. On rigole.

Allez, direction la Vietnam National Pagoda qui est sur le plan au 168 Ba Thang Hai, district 10. Rebelotte, en fait c'estau 244, au coin avec Lê Hông Phong. Au passage, Ba Than Hai, ça s'écrit 3 Than 2 sur les plaques de rue. J'avais pas capté. Ba comme dans "bia ba-ba-ba", la biere "333 export".



Pas vu grand chose d'intéressant, pas trouvé d'atmosphère comme à Giac Lam, mais peut-être que j'ai oublié de passer une porte ? En fait dans les pagodes (celles que j'ai vues, mais a priori ce sont les "grandes") il n'y a pas de plan affiché ou d'indications en langues z'étrangères. Je critique pas, c'est pas un Buddha-Park pour touristes. C'est juste que pour rien louper c'est mieux d'y aller avec quelqu'un qui explique. C'est vous qui voyez.

A l'arrivée, me suis fait accrocher par un conducteur de cyclo-pousse qui insistait lourdement pour m'emmener. Au tarif que je voulais (embrouille garantie à l'arrivée). Ou juste un dollar. Pour 200 mètres ça ne me paraissait pas raisonnable, on fait 5 ou 6 kms en taxi pour ce prix. Et puis j'ai des pieds, je me vois pas affalé (ou cramponné vert de peur plus probablement) dans son engin pour faire 200m. Bon, non merci. Ai mis plus de temps à m'en décoller que pour rentrer.

Faut savoir que l'hôtel est dans une zone où il y a des trucs à visiter, et donc des vendeurs un peu plus pénibles qu'ailleurs, avec en dernier argument le couplet sur la famille à nourrir. Le touriste occidental pété de thunes a forcément mauvaise conscience dans un pays aussi pauvre, faut faire avec. Ce coup-ci c'est non.